Zone Dubitative

The Boys [saison 1]

Aujourd'hui je vais vous parler d'une série de super héros et... quoi ? Comment ça encore ? Bon ok, c'est vrai que... hey, restez polis et puis c'est très viril de mettre un slip et des collants. Non attendez, ne partez pas ! La série dont je vais vous parler aujourd'hui n'a rien à voir avec ce que vous pouvez regarder habituellement. D'ailleurs, même si vous n'aimez pas les super héros, ça pourrait vous plaire quand même. Vous connaissez The Boys ? Non ? Alors posez les brochettes et les merguez, calez-vous dans une chaise en toile et prenez une bière bien fraîche, je vais vous expliquer pourquoi c'est bien et original.

 

Injustice League

Que se passerait-il si les super héros existaient vraiment ? Comment choisir les têtes d'affiche ? Comment gérer les succès... et les échecs ? Seraient-ils vraiment tous héroïques ? En tout cas dans l'univers de The Boys, ils existent. Les super héros sont parmi nous, ils sont adulés et leur image est gérée de main de maître par la société Vought. En figure de prou, on retrouve The 7, les sept aka les sept super héros les plus connus dont le fameux Homelander, véritable dieu parmi les hommes tant sa puissance semble démesurée. Hughie est un employé tout ce qu'il y a de plus banal dans un magasin d'électronique de NY. Une fois sa journée terminée, sa petite amie vient le rejoindre et alors qu'ils discutent tranquillement, elle... disparaît sous ses yeux... explosée en mille morceaux. La raison ? A-Train, membre des 7 et super héros le plus rapide du monde, vient de lui rentrer dedans à pleine vitesse. Ne s'excusant même pas et ayant un comportement étrange, il laisse seul un Hughie totalement sous le choc. A partir de ce moment précis, le jeune homme va commencer à apercevoir l'envers du décor en découvrant comment la mort de sa petite amie va être soigneusement étouffée. C'est alors qu'un certain Butcher va l'approcher. Prétendant travailler pour le gouvernement, il lui annonce qu'il dirige une unité spécialisée dans la traque des super héros et qu'il considère ces derniers comme une bande de dégénérés très dangereux. Hughie va progressivement totalement basculer de l'autre côté du miroir. Combien d'affaires similaires ont été étouffées ? Les 7 sont-ils un groupe de super héros ou juste une bande d'individus dangereux et cyniques ? Butcher, dont les méthodes sont tout sauf orthodoxes, travaille-t-il vraiment pour le gouvernement ?

Vous aimez voir les Avengers se fritter avec Thanos pour sauver l'univers ? Vous aimez voir Batman et Superman savater Doomsday pour sauver la terre ? Pas de ça ici. Dans The Boys, les super héros sont réalistes. Vous voyez comment se comporte de simples hommes dès qu'ils ont des privilèges ? Les politiciens par exemple ? Imaginez s'ils avaient de vrais pouvoirs. Dans The Boys, The 7 ne sont qu'une version réaliste et pervertie de la Justice League. Les parallèles sont facilement visibles, Homelander = Superman, A-Train = Flash, etc. Sauf qu'ici, pas d'actes héroïques... en tout cas pas sans arrière-pensées. Avec une gestion de leur image millimétrée par une société surpuissante, les "supers" sont devenus un business comme un autre et tout ça est très lucratif. Dès le premier épisode, la cassure avec ce que propose les autres séries de ce genre est spectaculaire. Scènes malaisantes, personnages cyniques et manipulateurs, gores, vulgarités. Le spectateur déchante aussi vite que Hughie, le protagoniste. Comme lui, il s'aperçoit que la grande majorité des héros ne sont qu'une bande d'enflures égocentriques. A la manière des hommes politiques, ils profitent de leurs privilèges et se moquent de la moralité. Dans The Boys, l'ennemi ce sont les super héros. Le souci ? Comment se battre contre des gens surpuissants qui sont en plus adulés par des millions de personnes ? A cette question, le dénommé Butcher a une réponse simple : leur défoncer la gueule... plus facile à dire qu'à faire.

 

Badvengers

Dire que The Boys est une série rafraîchissante est bien en dessous de la vérité. The Boys, c'est un gigantesque coup de genou dans les roustons du genre, un front kick dans la porte du super héroïsme qui ne se contente pas de filer une bonne dose de badasserrie et des tonnes de trucs gores et/ou irrévérencieux. La dernière production d'Amazon Prime, basée sur les comics éponymes, propose également plusieurs niveaux de lecture particulièrement savoureux qui s'emploient à envoyer de grands bourre-pif dans le museau d'Hollywood, de l'industrie du cinéma, de notre société, de la com' (communication comme consommation), etc. The Boys, c'est comment une bande improbable composée d'individus paumés ou marginaux ou de simples employés de magasin va décider de s'attaquer aux personnes les plus puissantes de la planète, des super héros totalement dépravés. Les 8 épisodes de cette première saison se dévorent aussi vite qu'une bonne glace en pleine après-midi caniculaire.

La série combine à la fois l'aspect badass nécessaire à ce genre de show mais également tout un tas de problématiques de fond qu'elle n'oublie pas de traiter, le tout sublimé par une galerie de personnages extrêmement réussie. Hughie représente le spectateur, c'est par lui que l'on découvre tout l'envers du décor. Butcher, joué par un Karl Urban en feu, est le grain de sable dans l'engrenage. L'acteur arrive à le rendre à la fois attachant et agaçant et le personnage se révèle plus nuancé que ce que les premiers épisodes laissent entrevoir, c'est un homme brisé par des drames qui est totalement en roues libres. Si toute la petite équipe de protagonistes est réussie, il en va de même pour les super héros et plus particulièrement The 7. Mention spéciale à Homelander campé par un Antony Starr (l'acteur principal de l'excellente série Banshee) stratosphérique dans son interprétation de ce Superman déviant. Les nuances de son jeu d'acteur permettent de faire d'Homelander un personnage déroutant et parfois extrêmement inquiétant. Il est proprement terrifiant dans certaines scènes alors qu'il ne fait rien de particulier, l'intensité d'un regard ou une simple tournure de phrase suffisent à transmettre au spectateur tout le danger qu'il représente. Sans dévoiler plus de personnages afin de laisser au spectateur le plaisir de la découverte, il est bon de signaler qu'il n'y a absolument personne à jeter dans le casting. Chaque personnage amène un thème et des problématiques différentes et certains que l'on détestait au début surprennent par leur développement au fil des épisodes.

 


Operation Fuck Superman !
Avec son équipe de protagonistes improbables et sa galerie de super héros majoritairement déviants et délicieusement détestables, The Boys nous fournit de grosses scènes d'action, des moments badass, de la bonne grosse déconnade, des moments gores, des moments de malaises ou de peur, le tout avec un scénario bien construit. La qualité d'écriture est irréprochable et sublime les différents niveaux de lecture de la série. Les USA se voient comme Superman aux yeux du monde... alors qu'en fait ils sont infiniment plus proches d'un Homelander. The Boys envoie des parpaings dans la tronche de l'industrie mais également des fans, comme si Butcher sortait lui-même de l'écran pour nous secouer en hurlant "réveillez-vous bordel !", et ça fait un bien fou. Irrévérencieuse à souhait, la série pose les deux pieds sur la table en décapsulant sa bière et nous assène la vérité en pleine face en affichant un sourire narquois : s’il y avait vraiment de vrais super héros dans notre monde... ce ne serait rien d'autre qu'une belle bande d'enculés et ce serait à nous de leur botter le cul.

 

 

Post publié par Damzé le 21/10/2019 06:01

Commentaires