Zone Dubitative

Tekken Bloodline

Le jeu de baston a toujours été un genre prolifique. Que ce soit avec des gameplays 2D ou 3D, qui n'a jamais touché de sa vie à un Street Fighter ou un Tekken ? Un genre de jeux qui, au fil des décennies, a donné naissance à moult adaptations. Films live ou animés, nombreux ont été les projets à tenter de transposer sur un écran nos personnages favoris. Pour le meilleur comme pour le pire. On retient par exemple le premier film Mortal Kombat (avec Cricri Lambert, hin hin hin) comme une adaptation honnête et sympathique et le fameux Street Fighter (avec Van Damme) comme un giga nanar. Mais le genre qui s'en sort le mieux reste l'animation. Qui a pu oublier l'excellent Street Fighter II - The Animated Movie ? C’est sans doute à ce jour la meilleure adaptation animée « ever » d'un jeu de baston.

Cependant, aujourd'hui, nous ne sommes pas là pour parler de Street Fighter mais de Tekken. Tekken qui a su s'imposer avec les années comme LE roi des jeux de baston 3D. Vous ne le savez peut-être pas mais Tekken a déjà eu le droit à plusieurs adaptations. Deux en films live... que je vais vous déconseiller tellement elles sont mauvaises, et une en animation. Deux OAV de 45 minutes ont vu le jour en 1997, l'histoire se concentrait sur le lore du jeu Tekken 2, le héros était Kazuya Mishima. Bien que très expéditive, on retiendra de cette version son chara design des plus réussis et une certaine fidélité aux jeux.

Aujourd'hui, c'est au tour de Netflix de se risquer à l'exercice périlleux de l'adaptation avec Tekken Bloodline, un anime de 6 épisodes de 25 minutes se basant sur le lore de Tekken 3 et ayant pour protagoniste Jin Kazama, le fils de Kazuya Mishima et Jun Kazama. Essai transformé ou énième déception ? Round 1, Fight !

 

Poing d'acier, écriture en carton

Jin vit à l'écart de la ville, seul avec sa mère Jun. Cette dernière étant une combattante aguerrie, elle l'entraîne quotidiennement depuis sa plus tendre enfance afin qu'il maîtrise le style Kazama. Un soir, un être surnaturel fait irruption. Jun l'affronte mais ce dernier est trop puissant. Dans un dernier geste aussi héroïque que désespéré, elle réussit au prix de sa propre vie à contenir la créature afin de sauver son fils. Livré à lui-même, Jin n'a plus qu'une seule idée en tête : venger sa mère. Et pour cela, il va écouter les dernières paroles de Jun et partir retrouver son grand-père... un certain Heihashi Mishima.

Comme précisé dans l'introduction, l'histoire de Bloodline se base sur celle du jeu Tekken 3. Et si le premier épisode fait à peu près illusion en termes de narration, l'effet n'est que de courte durée. Qu'on se le dise, la narration, l'écriture et le scénario ne sont clairement pas les points forts de Bloodline. Tout y est expéditif passé le premier épisode. Les personnages principaux sont caricaturaux au possible, sans nuance et en conséquence, ils manquent cruellement de charisme. Les personnages secondaires eux sont carrément transparents. Si vous souhaitez voir autre chose que Jin ou Heihashi, passez votre chemin.

Hwoarang, Xiaoyu, Paul, King... Les rares autres combattants présents ne sont là que pour faire de la figuration. 6 épisodes, c'est très court mais avec ce laps de temps limité, Bloodline réussit quand même l'exploit de proposer quelques longueurs et de la redite. Tout est cousu de fil blanc, rien n'est surprenant et quand le générique final défile, l'impression d'avoir vu quelque chose de vide et fade se fait vraiment ressentir tant cette adaptation ne rend absolument pas hommage aux jeux. Même le fameux tournoi Tekken, le King of the Iron Fist, paraît bien cheap une fois à l'écran. Une seule arène, vide. Des matchs rapides, mal présentés, vite expédiés. A aucun moment on a l'impression d'assister au plus grand tournoi d'arts martiaux du monde. Tout au plus à des joutes sur un terrain vague. Alors on pourrait essayer de voir le verre à moitié plein et de se dire "les combats doivent êtres bons"...

 

Le roi du poing en mousse

Malheureusement le verre restera désespérément vide car les combats, eux-aussi, sont une purge. Mais avant d'en parler plus en détail, il faut aborder l'aspect "technique" de cette adaptation. Bloodline est un animé en CGI et comme bien souvent pour ce genre de productions, le résultat est plutôt médiocre. Le premier mauvais point : le chara design. Oubliez les personnages des OAV de 1997 qui transpiraient la classe, ici on a le droit à un design fade, en retrait, pas à la hauteur des jeux. Les cheveux font peine à voir, la musculature est grossière et exagérée et ne parlons même pas des ombres, un véritable scandale puisqu'elles se résument à des formes abruptes et angulaires qui font taches.

Reste alors l'animation des combats. Le bon point, c'est que les coups et les combos présents dans les jeux sont bien utilisés et fidèlement reproduits. Malheureusement, tout ça reste assez moche et mou du genou. D'autant plus que sur certains coups, des tonnes d'effets criards ont été ajoutés avec des éclairs fluos et autres joyeusetés. Ce qui donnait un effet de puissance dans les jeux ne donne ici qu'une sensation bizarre de décalage, de non réalisme. Entendons-nous bien, Tekken n'a jamais été réaliste mais voir l'espèce d'uppercut kamehameha de Jin à l'écran est absolument ridicule.

 


Jouez plutôt à Tekken 7
Sans grande surprise, Bloodline se révèle être une adaptation aussi cheap que médiocre d'un jeu de baston culte. Tout y est mauvais. Visuellement hideuse, avec des combats aussi rapides qu'oubliables et une direction artistique désastreuse, rien ne vient sauver cette salve poussive de six épisodes. Mais ce qui choque le plus restera la paresse en termes d'écriture et de narration. Il n'y a strictement aucun effort de fait, les personnages ne sont quasiment pas développés, les relations entre ses derniers semblent sorties de nulle part et factices. On n'arrive par exemple pas à croire une seconde que Jin soit ami avec Hwoarang et Xiaoyu tellement c'est expédié à la va vite et jamais mis en avant. Bref, il n'y a absolument rien à sauver tant le résultat final ressemble à un naufrage total à tous les niveaux. Même en tant que fan (ce qui est mon cas), ces six épisodes paraissent bien longs et laborieux. Vous voulez découvrir Tekken ? Jouez plutôt à l'excellent Tekken 7 au lieu de perdre de précieuses minutes de votre vie à regarder un anime aussi vain qu'insipide.

 

 

Post publié par Damzé le 06/10/2022 10:18

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