Zone Dubitative

Happy [saison 1]

Raaaah, je n’ai pas l’inspi’ aujourd’hui. Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a Jean-Louis ? Mais non je n’écris pas une lettre au Père Noël ! Tu m’as pris pour un débile ? Le Père Noël ? Tout le monde sait très bien qu’il ne reçoit pas de lettres au pôle Nord, je lui ferai un email ce soir… Tu crois qu’il a un compte Twitter ? Ah pardon, je parlais à Jean-Louis, mon ami imaginaire.

Donc… oui Jean-Louis, j’en ai pour un moment à écrire cette critique. Mais non, la voisine va très bien, elle est attachée à la chaise et bâillonnée. Donc, aujourd’hui je vais vous parler de la série Happy. C’est l’histoire de Nick Sax, c’était un flic réputé, un dur à cuir… et puis à force de voir des saloperies et des enflures qui s’en sortent, il a pété une durite. Depuis il vit dans la déchéance la plus totale et est devenu un tueur à gage à moitié cinglé, alcoolique, drogué, etc. Un jour, une exécution ne se passe pas comme prévu et Nick se retrouve emmené à l’hosto. Le souci ? Dans l’ambulance, Nick se met à voir une licorne bleue de dessin animé avec des ailes. La créature dit s’appeler Happy et prétend être l’ami imaginaire d’une petite fille qui a besoin de son aide car elle a été kidnappée. Pensant devenir fou, étant le seul à pouvoir le voir, Nick l’ignore mais, après quelques péripéties, il doit se rendre à l’évidence… et si Happy était bel et bien un ami imaginaire et non une hallucination ? S’il y avait vraiment une petite fille à sauver ? Quoi encore Jean-Louis ? Mais non, ce n’est pas grave si tu ne voles pas. T’es un chat mauve avec trois cornes, je trouve que ça claque. Hein ? Ouais je sais, c’est un peu banal comme scénario, tout le monde à un ami imaginaire qui lui parle, je ne vois pas ce qu’il y a d’original. Bref, laisse moi finir ma critique, va surveiller la voisine attachée dans le salon.

 

Une série créée sous substances illicites

La première question qui vient à l’esprit quand on regarde Happy, c’est : mais qu’est-ce que les mecs qui ont pondu ça ont pris comme drogues ? Comment décrire l’effet que produit la série ? Imaginez-vous, après avoir descendu cul sec deux litres de vodka option LSD en accompagnement, en train de sniffer un rail de coke entre les fesses d’une prostituée habillée en mère Noël et qui vous appelle papa pendant qu’un mec déguisé en ours en peluche rose géant et armé d’une hache déboule en cassant la porte d’entrée pour vous buter. Vous avez l’image en tête ? Happy, c’est 8 épisodes de ça. Un véritable bad trip sous acide dans lequel un héros paumé va devoir défourailler des dizaines de malfrats aussi tarés que lui, voire plus, le tout en étant assisté par une licorne bleue, une amie imaginaire/partenaire qu’il est le seul à voir.

Première chose à retenir : Christopher Meloni (Oz, New York Unité Spéciale, True Blood) est un acteur de génie. Chargé de tenir le rôle titre, il est tout simplement stratosphérique dans sa performance. Les grimaces, la folie, la colère, la tronche du paumé sous substances, Meloni incarne le personnage avec un talent d’acteur hors norme. Tellement hors norme que le personnage de Nick Sax en deviendrait presque réel tellement il arrive à lui donner corps. S’il n’obtient pas une récompense pour ce rôle, c’est à n’y rien comprendre. Sa performance est si bluffante que ses dialogues avec Happy (à qui Patton Oswalt prête sa voix) semblent absolument vrais et renforcent l’intégration de la licorne bleue à l’écran. Nick Sax est un improbable John Wick sous coke qui n’hésite pas à déglinguer tous ceux qui se mettent en travers de sa route sans se soucier de broutilles comme les droits de l’Homme ou les conventions de Genève.

Deuxième chose à retenir : l’univers ultra barré de la série. Un psychopathe déguisé en Père Noël, une mère mafieuse qui fait une téléréalité, un pro de la torture maniaque, des mecs déguisés en animaux de latex, etc. C’est bien simple, c’est sans doute la plus grosse réunion de tarés et déviants en tout genre que vous verrez à la télé. Le tout dans une ville avec des flics pourris, un bar de striptease réservé aux gens qui travaillent déguisés en Père Noël, chinatown, des mafieux et j’en passe. Ou quand la série policière rencontre le what the fuck le plus total. Tout ça se met en place très vite et donne à la série un univers ultra accrocheur et très intéressant. Car si Nick et Happy sont des personnages hors normes, c’est aussi le cas de tous les bad guys, tous plus fous et dérangeants que jamais. Le malaise est parfois réel à l’écran quand on voit le niveau de déviance de certains d’entre eux.

 

Le bad trip de l’année

Alors concrètement qu’est-ce que ça vaut sur la durée ? C’est une franche réussite ! Les 8 épisodes qui composent cette saison 1 sont parfaitement équilibrés niveau rythme. Le scénario est très plaisant à suivre avec son lot de rebondissements et de situations (vraiment !) improbables. Tout est tellement fou et inhabituel que la série dégage une énergie et une fraicheur peu commune. Et ce n’est pas la réalisation qui dira le contraire : nerveuse à souhait dans les scènes d’action, bourrée de gros plans mythiques sur le visage de Nick, elle propose certaines scènes de folie ou de bad trip qui sont tout simplement appelées à devenir cultes. La série est interdite au moins de 16 ans et on comprend vite pourquoi. Inutile de vous dire que si vous aviez prévu de regarder ça avec votre petit frère, annulez toute de suite le projet. Le sang coule, c’est crade, c’est violent et c’est aussi furieusement drôle. Voir Nick et sa dégaine de paumé taper la discute avec une licorne bleue qui flotte autour de lui vaut son pesant de cacahuètes. Les dialogues et les scènes inoubliables s’enchainent à l’écran pendant que le spectateur assiste, parfois incrédule, à ce déluge de n’importe quoi grandiose. Personnages forts, univers travaillé, grosse ambiance, réal qui tache bien, Happy est clairement la plus grosse surprise de l’année. C’est à se demander comment la chaine SyFy a eu les couilles (oui c’est le mot à employer) de produire ça tellement cette série est un ovni improbable. D’ailleurs signalons que la saison 1 est disponible en intégralité sur Netflix.

 


Happy, un ami qui vous veut du bien
En conclusion… quoi encore bordel ? Mais non je ne m’énerve pas Jean-Louis… mais non, ce n’est pas comme la fois avec le facteur ! Puis de toute façon, il l’avait cherché non ? Qui oserait t’amener une facture EDF le jour de ton anniversaire ? Hein ? Ce n’était pas mon anniv ? C’était le tien alors, non ? Enfin on s’en fout, il est dans le jardin et vu la profondeur à laquelle on l’a enterré, personne ne risque de le retrouver. Jean-Louis, tu crois que les salades et les tomates vont mieux pousser vu qu’on a enterré des gens dessous ? Mince la conclusion ! Donc, Happy est une série complètement barrée. C’est un ovni télévisuel, le genre de truc que l’on voit rarement à la télé. C’est fou, c’est violent, c’est drôle, c’est hypnotique, à condition bien sûr d’adhérer au trip, ce qui ne sera pas le cas de tout le monde. Cependant ne pas s’y essayer serait criminel. Portée par un Christopher Meloni qui fracasse l’écran, la série peut aussi compter sur un scénario solide, des personnages marquants, une ambiance hors norme et un univers captivant. Sans aucun doute la meilleure nouveauté de l’année et le truc le plus barré vu sur un écran récemment. Reste le souci de l’ami imaginaire… je veux dire dans la vraie vie, on en a tous un, non ? Nous avons tous une petite créature qui nous parle et que nous sommes les seuls à voir. C’est un peu banal du coup, non ? Oui Jean-Louis, j’ai terminé. T’es pénible quand tu t’y mets. Quoi ? Hum… mais t’as raison ! Elle nous regarde quand même vachement bizarrement la voisine. Bien sûr que je lui ai expliqué pour toi mais elle n’avait pas l’air de me croire. Tu crois qu’on devrait… ok t’as raison, continue de la surveiller, je vais chercher la pelle dans le jardin.

 

 

Post publié par Damzé le 21/10/2019 02:29

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