Zone Dubitative

Halo [Saison 1]

_Bonjour Monsieur, je suis Damzé, le légiste, vous êtes là pour identifier le corps ?
_Effectivement.
_Je vous préviens, ce n'est pas beau à voir.
_Allez-y, j'ai l'habitude.
*Drap qui se soulève.*
_Nom de dieu ! Je crois que je vais gerber...
_Je vous avais prévenu. Vous reconnaissez la victime ?
_Oui, oui, c'est bien le Master Chief de Halo mais... Bordel il s'est passé quoi ?
_Laissez-moi vous expliquer.

 

Halo ? Oui ? Passez-moi les scénaristes !

Depuis des années, des décennies même, l'adaptation de la licence culte Halo en série ou en film est un marronnier. Régulièrement des rumeurs font état de projets qui ne se concrétisent en général jamais ou du moins rarement. Jusqu'à récemment quand la Paramount via sa plateforme en ligne Paramount + (oui, encore une...) a annoncé la grosse nouvelle ! Enfin, ça y est, Halo va être adapté en série tv. Beaucoup de fans ont débouché le champagne malgré le fait que les showrunners aient annoncé que la série serait une réécriture des jeux et n'en suivrait pas la trame. Un débouchage bien prématuré. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'en termes d'écriture et de scénario, la saison 1 de Halo est une compilation d'à peu près tout ce qu'il ne faut pas/plus faire. Attention, le reste de la critique contient quelques spoilers.

Bon déjà, on a le héros, Master Chief aka John 117. Taciturne dans les jeux, ne quittant jamais son armure emblématique, focalisé sur sa mission uniquement tel un Jack Bauer dans 24, il est ici transformé en personnage bien trop hanté par l'éculé et déjà-vu problème de mémoire. Pire, il passe 90% de son temps sans armure, joué par un acteur (Pablo Schrier) loin de livrer une performance mémorable. En conséquence, il est bien difficile d'y voir le héros des jeux vidéo. Mais ce n'est pas le pire, malheureusement. Nous avons également droit au personnage side kick EXTRÊMEMENT énervant en la personne de Kwan. Une ado tête de mule, qui n'écoute personne, qui sait tout mieux que tout le monde et qui arrive à sauver toute une ville là où une armée a échoué, le tout grâce à son courage et sa détermination (sic). Véritable tête à claques insupportable, son arc scénaristique se paie le luxe de monopoliser un bon gros tiers du temps d'antenne de la série. Un arc insipide avec notamment un méchant vraiment très méchant, parodie Wish d'un chef nazi mais surtout un passage lunaire proposant une rencontre entre l'ado et un autre cliché éculé : le peuple du désert.

En gros, elle va rencontrer un groupe de bédouins mystiques qui vont lui faire picoler une gnole bien forte histoire qu'elle ait une vision qui va lui expliquer le sens de la vie et comment sauver le monde... Oui, on en est là. Mais ce n'est pas encore terminé. On a aussi droit à Makee, une humaine qui vit avec les covenants parce que pourquoi pas ! Non je rigole, c'est surtout parce que, accrochez-vous c'est original, elle est l'élue ! Comme par hasard, c'est la seule personne dans l'univers à pouvoir activer un mystérieux artefact que convoitent les covenants. Mais elle n'est pas la seule élue puisqu'il y a également, surprise, John ! Oui, Master Chief est la seule autre personne dans l'univers à pouvoir activer l'artefact. Pourquoi eux ? Personne ne le sait, pas même les scénaristes de la série. Makee, qui est donc une humaine recueillie par les covenants depuis l'enfance, endoctrinée, va tranquillement changer de camp en trois secondes chrono car elle aime bien John, ce qui donnera lieu à une romance bien fade et peu crédible. Mais ce n'est pas tout ! Il y a aussi les autres spartans ! Avec notamment Kai, une femme qui va s'émanciper en se teignant deux mèches de cheveux en rouge (véridique) ou encore les militaires de l'UNSC, un gigantesque best of de nullos et de mauvais manipulateurs qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Et je peux continuer encore longtemps comme ça.

Alors y a-t-il quelque chose à sauver ? Oui. Deux personnages. Premièrement, la doctoresse Halsey campée par l'excellente Natascha McElhone. Seul personnage de la série à être bien écrit et intéressant. Jusqu'au boutiste, n'acceptant aucun compromis, elle surnage au milieu de tout ça avec son personnage pragmatique à l'extrême et malin. Ensuite, il y a Cortana qui est plutôt réussie, y compris visuellement même si elle reste assez loin de la version jeu vidéo. Voir ce personnage apprendre, découvrir et essayer de faire équipe avec le Master Chief est l’une des rares satisfactions de la série. Reste que ces quelques gouttes salvatrices sont noyées dans un océan de médiocrité. Une chasse à l'artefact bien fade est tout ce que propose la série là où les jeux nous dépeignent une guerre totale et haletante.

 

Halo ? Oui ? Passez-moi les gestionnaires du budget !

"Bon, l'histoire est naze, c'est mal écrit, souvent mal joué mais au moins il doit y avoir de bons combats", c'est ce que les plus optimistes seraient tentés de se dire. Hélas, là aussi c'est la douche froide. Si l'épisode pilote fait illusion, bien aidé par un rendu des armures spartan très réussie et des aliens potables, on comprend vite qu'une grande partie du budget est passée dans la grosse fusillade du début tant les épisodes qui suivent sont radins en termes de scènes d'action. En 9 épisodes, ne comptez pas sur plus de deux ou trois grosses scènes d'action seulement dont aucune de vraiment mémorable. Pire, la réalisation ne propose absolument rien de marquant et surtout pas les quelques séquences en vue subjective assez moches. Décors étriqués, personnages filmés de près pendant les dialogues, plans d'ensemble courts et en CGI souvent bof...

Bref, rien de tout ça ne fait honneur aux jeux. A aucun moment, le spectateur a l'impression d'assister à une guerre durant laquelle l'humanité est en péril, le fameux halo est à peine évoqué et à peine visible dans des plans aux effets spéciaux perfectibles. On ne ressent pas la grandeur de l'espace, les voyages en vaisseaux sont fades. Bien loin des conflits planétaires des jeux, la série Halo nous sert tout juste quelques escarmouches du pauvre appuyées par un scénario tout sauf passionnant quand il n'est pas tout simplement abracadabrantesque.

 


Master Chouf et Grosse Tanasse
Je ne sais pas ce que les fans de Halo purs et durs vont penser de la série mais en ce qui me concerne, j'ai trouvé ça absolument consternant de médiocrité. Encroutée dans une écriture pataude et pleine de clichés éculés, plombée par une réal' plate et un budget pas à la hauteur des ambitions, cette saison 1 de Halo m'a énormément déçu alors que je ne suis même pas un gros fan des jeux. La question la plus pertinente est et restera : Fallait-il faire une série Halo ? Clairement pour moi, la réponse est un grand NON. Le seul moyen de rendre justice aux jeux est de faire un ou des films à gros budgets. Du gros blockbuster SF qui tâche avec une vraie guerre humains/covenants, des flottes de vaisseaux, un Master Chief qui envoie du bois au milieu d'un vrai champ de bataille, de la destruction, des enjeux. Bref du Halo quoi et pas un Master Chief de Wish amnésique-élu-amoureux triste, pas d'ado colérique insupportable qui veut sauver le monde, pas de méchants en cosplay de nazis, pas de bédouins mystiques du désert, pas de gunfights fauchés filmés dans des décors de 10 m². En bref, cette saison 1 est plutôt un supplice à regarder tant elle s'éloigne des jeux tout en étant mal gérée et en semblant souvent fauchée. Un massacre.

 

 

Post publié par Damzé le 10/01/2023 12:02

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