Gujian 3 [PC]

Après avoir testé Sword & Fairy 7 (cliquez ici pour le lire), un RPG chinois issu d'une licence jusqu'alors plutôt inconnu chez nous, et la bonne surprise que fut la découverte de ce dernier, je me suis demandé : "ais-je raté d'autres pépites du même genre ?". La réponse est oui. Aujourd'hui, je vais donc encore vous parler d'un RPG chinois. Je vais vous parler de Gujian 3.

Un premier contact rugueux

Commençons tout de suite par aborder quelques fâcheux détails car, il faut l'avouer, le premier contact avec Gujian 3 (G3) est assez... rugueux. Par défaut, le joueur est accueilli par des menus en chinois et à l'écran, zéro indication en anglais sur comment changer la langue. A titre personnel, j'ai dû aller voir sur Youtube pour savoir comment passer le jeu en anglais. L'option devrait être proposée aux joueurs dès le lancement du jeu.

Ensuite, au moment de commencer à jouer, un choix apparaît à l'écran... en chinois. Là encore, impossible de savoir ce que ça veut dire et pourtant il est important puisqu'il détermine votre choix de serveur. Là encore, pas de problème, les forums Steam et Youtube vous sauveront la vie. Mais un choix de serveur ? Pourquoi faire puisqu'il s'agit d'un RPG solo  ? Et c'est là que nous allons aborder l'un des plus gros points noirs du jeu : son DRM et ses sauvegardes. G3 dispose en effet d'un DRM bien vénere qui, si vous n'arrivez pas à vous connecter aux serveurs du jeu ou que vous n'avez pas de connexion internet, vous empêche tout simplement de jouer. Autre détail fâcheux, les sauvegardes du jeu sont liées à ce système et se synchronisent online ce qui implique 2 soucis. Premièrement, si les serveurs ou votre connexion sont en carafe, impossible de sauvegarder. Deuxièmement, le système de sauvegarde s'en trouve limité. Dans G3, vous n'aurez que 3 slots de save. Inutile de préciser que pour les maniaques de la sauvegarde tels que moi, c'est assez agaçant. Ainsi vous disposerez seulement d'une save de début de chapitre, d'une auto-save régulière et d'une seule sauvegarde manuelle.

Bon dit comme ça, ça ne fait pas rêver mais ne partez pas ! Car si j'ai abordé les points qui fâchent le plus en premier c'est que concernant tout le reste, G3 est absolument énorme.

L'enveloppe…

Commençons par aborder les graphismes et l'aspect technique du titre. Si G3 n'utilise pas le ray tracing comme Sword and Fairy 7, il peut quand même se targuer d'être un jeu vraiment beau. Divisé en plusieurs régions de plus ou moins grande taille, G3 va vous faire voyager et pas qu'un peu. Les décors sont absolument sublimes et extrêmement variés. Du petit village tranquille en passant par la grande ville, la forêt luxuriante ou encore par de mystérieuses ruines, chaque nouveau lieu découvert donne immédiatement envie de l'explorer et de s'y balader. Et là, je n'ai encore abordé que le royaume des humains. Vous visiterez également celui des esprits et celui des rêves. De mémoire, je ne pense pas avoir joué à un gros RPG en 3D avec un panel de décors aussi beaux et variés. Le même soin a été apporté au personnages. Visages détaillés, vêtements modélisés avec grand soin sur lesquels on voit les différences de textures, animations de qualité. Le tout est appuyé par une direction artistique à tomber par terre donnant au jeu des airs tantôt réalistes, tantôt totalement oniriques.

Techniquement ça tourne très bien et sans être outrageusement gourmand. Très peu de bugs à signaler dont aucun bloquant en ce qui me concerne. Bref, une prestation de haut vol. Mais un RPG, ce n'est pas que l'enveloppe, il faut aussi le contenu.

... et le contenu

Et là, les amis, je ne peux vous dire qu'une chose : vous allez être servis. Abordons déjà le gameplay de base. G3 est un action RPG qui se joue en solo. Tout le long du jeu vous n'incarnerez qu'un seul et même personnage (à l'exception de quelques passages surprises) nommé Beiluo. Dans sa tâche, ce dernier sera cependant épaulé par des compagnons. Des compagnons que vous ne contrôlerez pas mais qui se battront automatiquement à vos côtés, la seule chose que vous pouvez leur demander est de déclencher certaines capacités spéciales. Pour autant les combats ne sont pas lassants ou pauvres car le gameplay se veut très agréable et nerveux. Au fil de l'aventure, avec l'XP durement gagné, moult compétences se débloqueront (pour vous mais également pour les compagnons) pour au final donner des combats aussi classes que palpitants. Coups impressionnants, téléportations, invocations, compétences spéciales et même une transformation... pour un peu, on se croirait presque dans un beat them all à la Devil May Cry (attention ce n'en est pas un non plus, ça reste un action RPG). Les possibilités sont énormes, le système est riche et une fois toutes les subtilités maîtrisées, chaque joute devient jouissive notamment lors des combats de boss particulièrement réussis.

En ce qui concerne le scénario, l'écriture et la narration, là aussi, G3 se veut extrêmement solide. La trame principale est longue, prenante et vraiment bien racontée. Attention cependant car elle est très fournie et complexe. Les personnages sont nombreux, les lieux aussi, les époques également. Il y a plusieurs royaumes, plusieurs périodes, on joue parfois des flashbacks. G3 est un jeu qui demande un minimum d'attention pour ne pas se perdre dans son histoire. Et à ce titre, il vous faudra une solide maîtrise de l'anglais pour bien en profiter. Il y a beaucoup de dialogues, de cinématiques et de choses à lire et le jeu n'est disponible qu'en anglais pour les textes et chinois pour les voix. Encore une fois, on en revient au problème des coups de traduction et du fait de savoir s' il y a un public suffisant. En tout cas, ne vous lancez pas dans l'aventure si vous ne comprenez rien à la langue de Shakespeare car ce serait vraiment dommage de passer à côté d'une telle histoire ou s'entremêle amour, vengeance, haine, tragédie et espoir. Certains personnages sont bouleversants, d'autres attachants et l'univers du jeu est absolument passionnant tant il est riche et développé avec sa Chine antique imprégnée de mythologie asiatique et de fantastique.

Techniquement au point, avec un très bon système de combat et un scénario prenant, G3 se paye en plus le luxe de déborder de contenu. Il y a un mini-jeu de bataille de cartes très sympathique mais il y a surtout le Lotuscape. Qu'est-ce que c'est ? Et bien à un moment dans l'aventure, vous allez entrer en possession d'un "chez-vous". Et à partir de ce moment, tout un tas de nouvelles choses vont être accessibles. Il y aura de la recherche pour mettre au point armes, armures etc. Puis du crafting pour fabriquer ses dernières. Il y aura aussi de la cuisine, de la pêche, de l'agriculture avec des terrains cultivables et même de la personnalisation pour rendre votre chez-vous plus accueillant. Pour mener à bien tout ça, il vous faudra recruter des artisans : cuisiniers, charpentiers, forgerons etc. mais aussi des monstres. Ces derniers, une fois battus et un pacte passé avec eux, viendront alors dans votre domaine pour faire du minage ou parcourir les régions que vous avez déjà explorées afin de récupérer des matériaux de craft. Ils pourront même vous aider à faire pousser ce qu'il y a dans votre terrain cultivable plus vite  ou à accélérer la pêche. D'abord simple ajout sympathique, le Lotuscape prend vite des allures de jeu dans le jeu.

Et puis, bien évidemment, RPG oblige, il y a aussi des quêtes annexes. Ces dernières sont un petit peu le point faible en termes de contenu. Disponible en parlant à des PNJ ou via des tableaux, elles s'apparentent très souvent à de la chasse aux monstres/objets ou  à récupérer X matériaux pour les donner à quelqu'un. A part quelques exceptions, la narration y est sommaire. Elles ont quand même le mérite de bien s'intégrer à la quête principale en proposant des objectifs souvent disponibles en parcourant le chemin indiqué pour suivre cette dernière.

Cerise sur ce gâteau déjà bien généreux, les musiques sont absolument sublimes. Et pour boucler tout ça ? Combien de temps ? Et bien si vous comptez tout faire, le jeu vous tiendra en haleine facilement une bonne soixantaine d'heures.