Zone Dubitative

Fast & Furious 9

9 films ! 10 en comptant un spin-off. Qui aurait cru, il y a 20 ans, quand sortait au cinéma le premier Fast & Furious, que la saga prendrait autant d’ampleur ? Réalisé par Rob Cohen, Rapides et dangereux, comme l'appellent nos lointains amis québécois, était alors un simple film d’action lambda. On y suivait une histoire de flics et de voyous dans le milieu des courses de rue illégales. Gros succès au box office, le film a aussi propulsé deux acteurs sur le devant de la scène. Paul Walker, le blondinet « bogosse », flic qui se prend d’amitié pour les voyous qu’il était censé arrêter, et surtout Vin Diesel qui incarne Dom, le chef de bande et pilote hors pair. Pourtant contrairement à ce que l’on pourrait croire, la saga n’a pas pris l’envergure qu’on lui connait immédiatement. De manière surprenante, dès le deuxième film, Fast & Furious perdait déjà sa star Vin Diesel puisque seul Paul Walker rempilait pour cette suite qui, bien qu’ayant bien marché au box office, fut une déception critique. Pire, au troisième film, Tokyo Drift, Paul Walker s’était lui aussi éloigné de la licence. Un troisième opus qui fera d’ailleurs un score très décevant au box office tout en étant étrillé par la critique. Et alors que tout le monde pensait la licence enterrée pour de bon, Fast & Furious 4 sort en 2009 et on sent directement que les ambitions ont changé. Déjà, c’est le retour du duo emblématique Diesel/Walker. Ensuite, on sent également une volonté de faire une histoire plus ambitieuse et impressionnante que de simples courses de voitures. A l’arrivée, le pari est réussi, le film fait le meilleur score de la saga au ciné et relance la machine.

Mais c’est en 2011 que Fast & Furious s’impose définitivement comme un rouleau compresseur avec Fast 5, considéré encore aujourd’hui par certains comme le meilleur film de la licence. Aux manettes depuis plusieurs épisodes, le réalisateur Justin Lin propose des séquences visuellement folles. A l’écran, Paul Walker et Vin Diesel sont au top de leur forme. Ils sont entourés de leur petite bande, réunie au fil des différents films et même rejointe par un certain Dwayne « The Rock » Johnson. Ultra impressionnant, palpitant, Fast 5 est un véritable carton et fait le double du score de son prédécesseur au box office. Le coup de génie ? Faire de Fast & Furious un univers sérialisé. A l’image de Disney/Marvel et de son MCU, le but est de proposer des films avec des personnages récurrents et des histoires qui se suivent, installant alors un effet « suite au prochain épisode ». Une idée qui va fonctionner à plein tube et propulser Fast & Furious dans le top des franchises hollywoodiennes ayant rapporté le plus. En 2015, Paul Walker meurt dans un accident peu avant la fin du tournage du septième film. Ce dernier lui sera dédié et son frère reprendra sa place pour terminer le tournage grâce à la magie des effets spéciaux. Un décès tragique qui n’empêchera pas la licence de continuer avec un huitième puis un neuvième film. Au fil des années, Fast & Furious est passé du simple film de bagnole au gros film d’action au tout explose de partout à la Mission Impossible. Chaque épisode semble vouloir pousser plus loin les limites mises en place par son prédécesseur. Mais au bout de 9 films, de toujours plus de démesure, la saga a-t-elle encore quelque chose à raconter ? Bouclez vos ceintures, faites chauffer les moteurs, on part pour une critique du film qui passe de 1 à 4 paragraphes en moins de 10 secondes !

 

Vin Diesel : 1 – Les lois de la physique : 0

Après les derniers exploits de sa bande, Dom profite d’un repos bien mérité... Jusqu’au jour où deux de ses collègues débarquent à l’improviste. Monsieur Personne, l’agent gouvernemental qui a pris l’habitude de faire appel à Dom et son équipe pour résoudre des situations désespérées, a disparu dans des circonstances troubles. Toute la fine équipe décide donc d’essayer de démêler tout ça. Ils vont alors se retrouver dans une course contre-la-montre pour récupérer une arme secrète extrêmement dangereuse tout en faisant face à un adversaire inattendu, un certain Jacob, le frère de Dom. Vous avez aimé le tournant pris par la saga à partir du cinquième film ? Vous avez aimé les situations aussi impressionnantes qu’improbables du 7 et du 8 ? Alors vous devriez aimer ce que propose ce Fast 9. Au menu ? Toujours plus de scènes aussi badass qu’invraisemblables. A tel point d’ailleurs qu’en fonction de votre seuil de suspension d’incrédulité, F9 pourra vous donner l’impression d’être totalement en roue libre. On le savait déjà depuis quelques films, les lois de la physique, la gravité, etc., c’est pour les faibles.

Dans le monde de Dom Toretto, on ne s’en soucie guère. Ainsi on peut assister à certaines scènes hallucinantes comme voir la voiture conduite par Dom et Leti franchir un gouffre de plusieurs centaines de mètres grâce à un bout de corde puis, à la réception, faire une dizaine de tonneaux avec option vitres cassées et carrosserie défoncée… pendant qu’à l’intérieur, nos deux compères n’ont rien ! Nada ! Pas une seule égratignure. Des scènes de ce genre, tellement improbables qu’elles font presque sourire, le film en est rempli. On en serait presque à se demander si les protagonistes sont encore humains ou s'ils ont des super pouvoirs tant ils sont résistants. D’ailleurs le film n’hésite pas à plaisanter là-dessus quand Roman, après avoir échappé à la mort une énième fois, s’interroge. « Avec tout ce qu’on a vécu, j’ai même pas une petite cicatrice. Et si… et si on était invincibles ? ». Un aspect qui participe au “charme” de l’ensemble mais qui finira irrémédiablement par en rebuter certains tant cela devient grotesque au final.

Malgré ses abus, F9 propose aussi des séquences plus “réalistes” ou en tout cas “moins improbables” qui valent également le détour. Que ce soit la baston Vin Diesel vs John Cena dans laquelle les deux acteurs se marbrent joyeusement la tronche en traversant le décor ou encore la séquence hallucinante dans laquelle, avec plusieurs voitures équipées d’aimants surpuissants, nos héros doivent stopper un gigantesque camion ultra sécurisé, les scènes d’action ne déçoivent pas. Mieux, le film est à deux doigts d’inventer le Car-Fu, une sorte d’art martial automobile tant certaines courses-poursuites semblent chorégraphiées comme des combats. Bref vous l’aurez compris, inutile d’attendre un retour aux sources, F9 fonce toujours plus loin dans la démesure.

 

Une écriture très fast mais pas vraiment furious…

Vous êtes déjà allé voir un Fast & Furious pour son scénario ? Pas vraiment hein. Pourtant, dans n’importe quel film d’action, si le scénario ou l’écriture ne priment pas forcément, ils conservent une importance capitale : vous faire apprécier un univers, des personnages, etc. Si on prend John Wick par exemple, l’action prime mais le scénario, simple, est efficace grâce à un univers intéressant et des personnages très charismatiques. Dans F9, c’est pile sur ces aspects-là que le film cale. Déjà le scénario est générique au possible et digne de n’importe quel nanar sorti en direct to DVD. Nos héros découvrent qu’une arme ultra secrète extrêmement puissante (dont personne n’avait jamais entendu parler) est en partie entre les mains de méchants vraiment très méchants. Petit problème, cette arme permet grosso modo de contrôler le monde en cinq minutes une fois activée.

Si les créatifs derrière le film n’ont pas manqué d’idées en ce qui concerne les situations et les scènes d’action, on sent bien en revanche que niveau histoire… c’est laborieux. A force de mettre l’équipe de Dom face à des menaces toujours plus grandes, il ne reste plus grand-chose à raconter qui n’ait pas déjà été dit/montré. Malgré une prestation sympathique de John Cena en Jacob et ce que le personnage apporte ainsi que quelques flashbacks sur la jeunesse de Dom, tout le reste sonne un peu creux. On retrouve une énième fois le même discours usé et cliché sur la famille, les personnages n’évoluent plus du tout et malgré la tentative de jouer sur les sentiments avec le retour du frère, jamais Dom Toretto n’aura paru aussi inhumain. Impassible, campé par un Vin Diesel en pilote automatique, on croirait voir un Terminator plus qu’un être humain. Ça en est parfois ridicule, comme lorsqu’un personnage bien connu des fans fait son grand retour et que tout le monde a les larmes aux yeux… Tout le monde sauf Dom qui le toise d’un regard froid pendant de longues secondes. On se demande limite s'il ne va pas lui coller un bourre-pif. Puis, finalement, il le sert dans ses bras… sans larmes dans les yeux hein parce que les larmes, c’est comme la gravité, c’est pour les faibles !

 


Fake & too furious ?
Vous l’aurez compris, niveau action, Fast 9 va vous en mettre une pleine tartine dans le museau. Cascades, bagarres, courses-poursuites dantesques ultra chorégraphiées, chaque nouvelle scène d’action envoie sévèrement, plus encore que la précédente. Malheureusement, à côté de ça, on sent bien que le film n’a plus grand-chose à raconter. Les personnages n’évoluent plus et en sont réduits à être des caricatures d’eux-mêmes. Le scénario est bidon et pourrait sortir tout droit d’un générateur aléatoire d’histoires de film d’action. Et puis, à force de pousser les curseurs toujours plus loin, il faut bien admettre que tout ça, bien qu’extrêmement sympathique et fun, devient tout de même ridicule. Personnages invincibles qui résistent à tout, voiture dans l’espace, on se demande vraiment comment pousser le bouchon encore plus loin, est-ce seulement possible ?

Le résultat, c’est que F9 est très déséquilibré. Coincé entre son action rondement menée malgré les excès et une écriture insipide, le film ne peut clairement pas se classer dans la catégorie des très bons films d’action comme le 5 mais plutôt dans celle des nanars funs, décomplexés et un peu cons-cons. Un constat peu étonnant puisque c’était déjà le cas pour Fast & Furious 8. Il faut bien avouer que depuis le 7 et la mort du regretté Paul Walker, la saga a clairement perdu de sa superbe. Une saga au sein de laquelle Vin Diesel semble désormais errer comme une âme en peine, bien triste et fade depuis la disparition de son compère. On sait que l’aventure Fast & Furious doit se conclure avec un dernier épisode scindé en deux films mais, honnêtement, reste t-il encore quelque chose d’intéressant à raconter dans ce Vin Diesel Cinematic Universe ? Bref si vous cherchez un actioner bourrin voire nanardesque qui vous permet de laisser votre cerveau à la maison tout en vous en mettant plein la tronche, vous l’avez trouvé. Sinon vous pouvez passer votre chemin sans mal, encore plus si vous n’avez jamais été un grand fan de la saga.

 

 

Post publié par Damzé le 26/07/2021 01:05

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