Captain America : Civil War
Les super héros les plus emblématiques du Marvel Cinematic Universe (MCU) sont de retour. Après une fin de phase 2 en demi-teinte notamment via le très décevant Avengers 2 : Age of Ultron, l'écurie Marvel se devait de frapper un grand coup pour lancer sa phase 3 sur les chapeaux de roues. Et qui de mieux pour faire ça que ce bon vieux Captain America ? Aux manettes on retrouve les frères Russo qui avait déjà officié dans le MCU avec l'excellent Captain America 2 : The Winter Soldier et qui devraient, sauf imprévu, se charger de l'énorme Avengers 3. Histoire de bien se mettre en jambe, les frangins ont la lourde tâche de s'attaquer au gros morceau qu'est Civil War. Inutile d'être dupe, ce Captain America 3 sonne bien plus comme un opus des Avengers quand on voit son casting. De la à dire que c'est l'examen de passage pour confirmer que les Russo sont capables de gérer un film Avengers, il n'y a qu'un minuscule pas… que nous franchirons allègrement. Chers lecteurs, enfilez vos collants, vos slips, vos masques, vos capes, vos tenues en spandex moulantes, rassemblement !
Avengers 2.5
Captain America, accompagné de Black Window, Falcon et Scarlet Witch tente d'arrêter un groupe de terroristes. Il y parvient mais non sans que l'affrontement provoque de gros dégâts collatéraux. Au yeux du monde, la question se pose une nouvelle fois, s'impose même : les super héros doivent-ils être placés sous contrôle? Différents gouvernements semblent en être convaincus. Ainsi naissent les accords de Sokovie (le nom du pays ravagé par le combat contre Ultron) visant à placer les Avengers sous l'autorité des Nations Unies afin qu'elles puissent réguler leurs interventions. Au sein de l'équipe de super héros, les avis divergent. A l'approche d'un sommet important sur le sujet, un attentat précipite brusquement tout le monde dans la confusion. Visiblement l'auteur de ce dernier n'est autre que Bucky Barnes le Winter Soldier. Et alors que Bucky devient l'ennemie à abattre, Captain America, bien décidé à aider sans ancien ami et ne croyant pas en sa culpabilité, va tenter de le protéger quitte à braver les autorités… et certains Avengers.
Mené tambours battants par les frères Russo, Civil War s'ouvre directement sur une grosse scène d'action qui donne le ton du film. Ceux qui veulent en prendre plein les yeux et voir des super héros distribuer des bourre-pif par paquet de douze en auront pour leur argent car des scènes d'action, il y en aura d'autres dans le film et elles vont prendre de plus en plus d'ampleur. Si celle qui sert d'intro se montre efficace, les suivantes élèvent le niveau très sévèrement. On retiendra tout particulièrement la poursuite avec Bucky qui commence dans un immeuble pour finir de manière magistrale sur une route au milieu du trafic mais aussi et surtout le gros clash Avengers vs Avengers prenant place sur le tarmac d'un aéroport, véritable festival d'effets spéciaux couplé à des chorégraphies de qualité et faisant preuve d'une inventivité très rafraîchissante. Chaque héro utilise un style de combat ou des capacités qui lui son propre, chacun à son moment de gloire… ce qui était loin d'être un acquis quand on voit le nombre de protagonistes présents à l'écran. D'autant plus que le film se permet d'introduire 2 petits nouveaux. C'est Black Panther qui fait sont entrée sur scène le premier et d'une manière absolument fracassante. Que ce soit son costume extrêmement réussi ou son style de combat brutal, il fait forte impression dés les premières secondes. De tous les héros présents à l'écran, il est clairement celui qui à l'air le plus menaçant. Aveuglé par la vengeance, il n'est pas là pour faire de quartier et compte bien s'occuper du Winter Soldier lui-même. Viens ensuite le tour du tant attendu Spider-man enfin de retour dans le giron du MCU après des années d'errance chez Sony. Et là encore, la réussite est totale. L'introduction du personnages est très bien amenée, on retrouve un Peter Parker certes jeune et inexpérimenté mais absolument jouissif à voir à l'écran et enfin doté de sa tchatche légendaire lui permettant de sortir autant de vannes qu'il tisse de toile. Le bilan de tout ça ? Une gigantesque orgie visuelle dédiée à la gloire des personnages Marvel. Chaque nouvelle séquence est un régal et les frères Russo nous envoient un message clair : « Nous sommes prêts pour Avengers 3 ! ». Maniant l'énorme roster du film avec une aisance déconcertante, les 2 frangins démontrent qu'ils savent gérer la pression d'un projet de cette envergure sans broncher, ce qui n'était plus forcément le cas avec Whedon. La réalisation, si elle n'a rien de virtuose, se veut ultra efficace. La mise en scène des affrontements est nerveuse, les chorégraphies donnent aux coups un surplus de brutalité et d'impact plus que satisfaisant et le film ne tombe jamais dans l'abus quand il s'agit d'utiliser les effets spéciaux afin de rendre tout ça crédible visuellement. Pas la peine de tergiverser, ce Captain America 3 est tout simplement l'un des films de super héros les plus impressionnants jamais réalisés.
Bien sur au milieu de toutes ces empoignades, il y a quand même une histoire. Civil War creuse encore plus les relations entre Avengers et utilisent habilement les retombées scénaristiques d'Age of Ultron et de Captain America 2 faisant ainsi du film une suite 2 en 1. Les problématiques évoquées sont intéressantes. La question des dégâts collatéraux, des morts et du contrôle des super héros avait jusqu'à présent toujours été éludée dans le MCU, ce nouvel opus sonne donc la fin de la récréation et met enfin nos héros face aux conséquences de leurs actes. Qui a tort ? Qui a raison ? Il est au final bien difficile de le savoir. Steve Rogers et Tony Stark ont chacun leurs arguments et dans les 2 camps ils sont recevables. Une ambiguïté bien vue qui évite de transformer l'une des 2 têtes d'affiche en pseudo méchant caricatural, ce qui aurait été une grossière erreur. Et de toutes ces tensions donnant lieu à un combats physique mais aussi idéologique va naître un film qui est à ce jour l'épisode du MCU au ton le plus grave. Résolument plus sombre que ce à quoi nous a habitué Marvel, Civil War réussi à donner au clash Captain America/Iron Man un minimum de sérieux et de crédibilité, chose qu'Age of Ultron avait été incapable de faire.
Un magnifique tableau... dont le verni craque.
A première vue le pari semble réussi au-delà de toutes les espérances et le film s'impose d’ors et déjà comme LE gros divertissement phare de l'année 2016. Seulement voilà, une fois tout le côté clinquant mis à l'écart, une fois l'avalanche d'action et la débauche d'effets spéciaux digérés… le verni commence un peu à craquer. La recette qui a servie à concocter Civil War est la même que d'habitude pour un film de cette envergure estampillé MCU et si les plats servis reste savoureux, le repas à de plus en plus de mal à surprendre.
Premier souci, le ton du film ainsi que son ambiance générale. Comme pour Age of Ultron, Marvel nous avait promis quelque chose de très sombre, un épisode traumatisant. Au final, et toujours comme pour Age of Ultron, nous sommes loin du compte. Si Civil War est le film le plus « dark » du MCU, l'ensemble reste quand même un peu trop gentillet. En cause ? La formule Marvel elle-même dont l'un des ressorts consiste à dédramatiser assez vite les passages trop tendus. A chaque pique de tension, le film désamorce constamment la situation via une vanne visuelle et/ou verbale. Dans le principe, c'est sympathique et on aime bien les petites punchlines made in Marvel. Dans la pratique, la méthode montre ses limites… en tout cas quand on veut faire quelque chose d'un minimum sérieux. En conséquence, il est bien difficile de vraiment croire à cette « guerre civile » qui vu de loin ressemble quand même bien plus à un concours de bras de fer à la cool entre potes qu'a une vraie bataille sans merci portée par de gros enjeux. Seul le combat final opposant Iron Man à Captain America accompagné du Winter Soldier arrive à nous donner cette sensation de vrai conflit viscéral, de déchirure. Entendons nous bien, dans 70 % des cas l'équilibrage comique/action du film est savamment dosé et fonctionne de manière impeccable mais en ce qui concerne les 30 % restants... les vannes semblent un peu forcées, pas à leur place et viennent trop souvent casser le momentum.
Deuxième souci, le manque général de prise de risque, d'audace et de développement. Les dégâts collatéraux et les morts ont beau être évoqués, cet aspect est très vite mis de côté afin de privilégier l'action. Inutile d’espérer une quelconque réflexion approfondie, le film ne fait qu'égratigner la surface des choses. Les accords de Sokovie ? Le contrôle des super héros ? Des sujets qui bénéficient d' un petit quart d'heure d'exposition chacun avant d'être totalement et définitivement mis de côté annihilant ainsi tout espoir d'obtenir une profondeur et un développement scénaristique digne de ce nom. Cette volonté de rester dans une certaine légèreté est louable mais elle dessert malheureusement le propos ainsi que la puissance narrative du film. Matérialisation visuelle de ce problème, le manque d'enjeux lors de la grosse bataille de l'aéroport. Pourquoi avoir fait en sorte que ce dernier soit évacué en 5 minutes et ainsi vidé de toute présence humaine ? Alors que le film prétend traiter le conflit entre les Avengers et ses conséquences, il délaisse beaucoup trop ces 2 thèmes au cours de la scène qui avait pourtant le plus fort potentiel pour cristalliser tout ça de manière magistrale, aussi bien visuellement que scénaristiquement. Alors certes la bataille est jouissive, dantesque, ultra impressionnante mais elle débouche sur pas grand-chose au final. L'éléphant accouche d'une souris. Faire mourir un personnage aurait pu apporter un peu de gravité, ce ne sera pas le cas. Malgré une avalanche de séquences d'action ayant de l'impact et agrémentées de moult bonnes idées, Civil War a bien du mal à tenir ses promesses en ce qui concerne son scénario et sa narration qui semblent totalement sacrifiés sur l'autel du grand spectacle.
Dernier gros bémol, habituel chez Marvel, les bad guys. Une fois n'est pas coutume, les méchants du film sont peu passionnants. Sans relief, aux objectifs basiques, sans aucun effort d'écriture particulier, ils restent assez fantomatiques comparés aux héros. Zemo aurait pu être bien mieux exploité mais à l'image du scénario, son histoire est peu développée et ne dévoile clairement pas tout son potentiel malgré un lien intéressant avec Age of Ultron. Dommage.
Fort heureusement le travail effectué sur certains personnages reste quand à lui très réussi avec en tête de liste un Tony Stark plus partagé que jamais. Robert Downey Jr donne encore une fois de sa personne pour nous proposer une prestation très convaincante. Idem concernant Steve Rogers qui est traité de façon assez satisfaisante et joué de manière crédible par Chris Evans. Le dépoussiérage de ce personnage parfois réputé un peu trop lisse entamé dans Captain America 2 se poursuit ici avec brio. La relation entre la Vision et Scarlet Witch est également assez intéressante même si peu mise en avant. Enfin, est-ce bien utile de reparler de Black Panther et de Spider-man ? Malgré un temps à l'écran limité, leur introduction et leur utilisation sont parfaites, un vrai modèle du genre. Seule Black Widow fait un peu tâche au milieu de tout ça. Reléguée au simple rôle de poseuse belle et dangereuse, le personnage est plutôt inconsistant et peine à convaincre.
Potentiellement, Civil War avait toutes les clés en main pour devenir l'un des plus grands films de super héros de tous les temps. A l'arrivée, c'est malheureusement plus un produit de commande qui suit l'habituel cahier des charges en prenant assez peu de risques malgré son efficacité redoutable en terme de divertissement pur et dur. La formule appliquée marche… mais commence vraiment à s'user. Pas le grand film attendu donc mais bien loin d'être un ratage, Civil War est un premier pas dans la phase 3 du MCU qui se veut réussi à défaut de faire preuve de génie ou d'audace. Oui les dollars vont rentrer dans les caisses, oui les critiques seront majoritairement dithyrambiques à propos du film… mais à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Post publié par Damzé le 03/07/2017 07:14
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