Brightburn - L'enfant du mal
Aujourd'hui je vais vous parler d'un film de super héros et... quoi ? Comment ça encore ? Non attendez, ne partez pas car je vais vous parler d'un truc qui sort des sentiers battus. D'ailleurs ce n'est pas vraiment un film de super héros mais plutôt un film d'horreur avec une idée de base alléchante : qu'est-ce qui se serait passé si Superman avait été méchant ?
Peur sur la Smallville
Il fait bon vivre dans la petite ville de Brightburn. Les Breyers sont un charmant petit couple, ils ont une ferme, ils sont amoureux, il ne leur manque qu'une chose : un enfant. Après des années à essayer, toujours rien... jusqu'au jour où un objet inconnu tombe du ciel et s'écrase près de chez eux. Flashforward… 12 ans plus tard, les Breyers nagent dans le bonheur, eux et leur petit Brandon. Malheureusement, ils semblent avoir oublié un peu vite que les origines du jeune garçon sont plus que mystérieuses. Un soir, Brandon entend une sorte de signal et sans comprendre ce qu'il se passe, le jeune garçon commence à avoir un comportement bizarre.
Comme précisé plus haut, l'idée de départ de Brightburn est plutôt alléchante. Et si Superman était devenu un bad guy ? C'est une question que l'on s'est tous posé au moins une fois. Un peu comme The Boys (la série Amazon Prime, critique de la saison 1 en ligne sur le site) qui nous montre une version réaliste et cynique des super héros, Brightburn veut nous montrer qu'un gosse tombé du ciel, même élevé par des parents modèles, peut mal tourner, surtout avec des pouvoirs dignes d'un dieu. La longue mise en place du début du film pose admirablement l'ambiance : la petite ville où tout le monde se connaît, un jeune garçon timide et introverti chahuté par sa classe et puis enfin l'incursion du surnaturel, tous les gimmicks "supermaniens" sont présents. Cependant, à partir du moment où Brandon réalise qu'il est différent, on quitte les habituelles belles histoires pour vite verser dans l'horreur. Le jeune acteur est convainquant et les scènes où il est présent deviennent vite anxiogènes. Les apparitions flippantes et les accès de colère vont vite laisser place à des scènes plus crues et horrifiques avec certains passages très gores particulièrement efficaces. Si le premier tiers de Brightburn pourra sembler plan-plan pour certains avec sa longue mise en place (vraiment réussie) du cadre et des personnages, les deux suivants seront en revanche bien plus entraînants puisque l'on se mettra à attendre avec gourmandise chaque nouvelle scène pour voir jusqu'où Brandon va dévier. Un intérêt grandissant qui maintiendra le spectateur en haleine jusqu'à la fin qui aura, elle aussi, la bonne idée de casser les codes habituels pour proposer quelque chose d'osé. Résumons, l'idée de base est excellente, le basculement du normal vers l'horreur est effectué de main de maître, les passages gores sont une réussite. Dit comme ça, Brightburn a tout du bon film qui sait exploiter un bon concept. Ce n'est malheureusement pas tout à fait le cas...
No one knows what it's like to be the bad man
Si Brightburn est plutôt brillant sur la forme, c'est bien moins le cas sur le fond. En cause, une écriture qui délaisse totalement tout un tas de thèmes qui auraient pu être très intéressants. On aurait aimé voir un Brandon plus nuancé, plus torturé, un peu comme un Anakin basculant doucement mais sûrement vers le côté obscur. A la place on a droit à un changement de comportement très abrupte, du jour au lendemain, qui se veut justifié par un fait scénaristique plausible mais qui verse vraiment dans la facilité. On aurait aussi aimé plus de nuances dans les actions de Brandon, le voir faire le mal mais aussi le bien afin qu'il ait quelques dilemmes à gérer. Ce ne sera jamais le cas. Comme un gamin flippant de film d'horreur lambda, il se contentera de lancer des regards et des phrases inquiétantes puis à déchaîner sa violence et sa cruauté, faisant définitivement de lui un personnage basique si on met de côté les super pouvoirs. Au final, niveau comportement, le couple Breyers est bien plus intéressant à suivre, notamment au niveau de l'évolution de la vision qu'ils ont de leur fils. En gros, Brandon devient maléfique, point barre. Il n'y aura rien d'autre à creuser avec ce personnage et c'est bien dommage car ça empêche le film de devenir autre chose qu'un simple film d'horreur saupoudré de super pouvoirs. Autre souci, on sent bien qu'un manque de budget empêche le réalisateur de faire certaines choses et de donner plus d'envergure à certaines scènes. Malgré une certaine retenue, signalons quand même que les effets spéciaux sont réussis.
Post publié par Damzé le 22/10/2019 02:16
Commentaires